lundi 9 septembre 2013

Chançay : "Belle et bonne terre à vendre", Valmer en 1736

"Belle et bonne terre située en Touraine, à trois lieues de Tours, deux d'Amboise, trois de Chasteau-Renault, et à trois quarts de lieues de la rivière de Loire, à vendre. La Seigneurie de Valmer [...] forme une terre considérable dans un des meilleurs et plus fertiles cantons de la Touraine, paroisse de Vernou, près le bourg de Chançay, sur la rivière de Branne.
Le Château, presque au milieu de ses domaines, est situé très avantageusement sur le penchant d'une coline, qui se termine pas de belles issues et des ouvrages de décoration. C'est un vaste bâtiment double, d'une riche élévation, dont les appartements sont beaux et bien distribués, les vaisseaux commodes, bien percés et ornés de menuiseries très propres. Son parc et sa futaye, ses magnifiques terrasses et jardins, sa pièce d'eau, ses avenues, la rivière qui passe au pied, en font une Maison extrêmement agréable ; enfin sa vue sur une prairie et varenne d'une lieue de long sur demi lieue de large, entourées de côtes très élevées et chargées de vignobles, lui donne un avantage peu commun.
L'entrée principale est par une avenue en face du château à quatre rangs de marronniers d'Inde et francs qui sépare en deux portions presque égales une grande pièce de terre labourable dépendante du château ; au bout de cette avenue qui se termine en forme de fer à cheval est un grand portail par lequel on entre dans une cour en pente douce ornée d'ifs et de houx.
À la droite de cette cour en entrant sont trois corps de bâtiments en pavillons, couverts d'ardoises ; deux servant d'écuries et chambre pour les cochers et palefreniers, l'autre dans lequel sont trois grands pressoirs à roues et bosseaux, et quatre grandes cuves. Dans ces trois pavillons, sont de beaux greniers.
Une cour derrière le troisième pavillon, dans laquelle sont une chambre, une laiterie voûtée et pavée, une cave en roc, une étable et les remises à carrosses et chariots.
Au midi et à côté de la cour et pavillon ci-dessus, est une basse cour renfermée, dans laquelle sont un bâtiment très logeable, servant de tourne-bride, deux grandes écuries, grenier dessus, chenil à chiens courants, une chambre à côté, une grande grange servant à resserrer les dîmes et terrages, toits à porcs, remises à charrettes, une grande et magnifique fuye garnie de pigeons, 
deux grandes caves en roc, une brûlerie avec son puits et ses deux chaudières montées ; derrière et à côté de ladite cour un grand verger.
De la cour d'entrée premièrement désignée, on passe à celle du château et qui est également en pente douce, mais beaucoup plus élevée, faisant forme de terrasse, ornée d'ifs et de houx ; entre ces deux cours est une douve ou fossé sec, sur lequel est un pont de bois très propre et bien bâti, soutenu par plusieurs piliers de pierre dure, 
à l'entrée de cette cour joignant le pont sont deux pilastres soutenant une porte de fer à deux battants très bien façonnés.
Dans cette cour devant et joignant le château, une petite terrasse en forme de fer à cheval, 
sur laquelle est un très beau perron et un portail très propre, faisant entrée à la grande salle, 
distribuée à deux appartements complets sur le devant, et sur le derrière, par deux portes vitrées, d'un côté à un grand salon boisé en plein très propre, dépense et office ; de l'autre à un vestibule dans lequel est un large et magnifique degré, qui perce et communique jusqu'au haut du bâtiment, ensuite une grande cuisine, décharge de cuisine, et chambre pour les cuisiniers. 
Au second étage, une antichambre qui distribue à trois appartements complets sur le devant, et à trois sur le derrière, un degré dérobé pour le service desdits appartements, un pont-levis de communication dudit second étage à l'une des terrasses ci-après.
Au troisième étage, plusieurs chambres à cheminées et cabinets en mansardes très propres, comble dessus couvert d'ardoises, gouttières et tuyaux de plomb descendant jusqu'en bas ; toutes les croisées des premiers et seconds étages sont fermées par des portes vitrées en toute leur étendue et garnies de balcons très propres.
Une grande cour sur le derrière du château, dans laquelle sont une très belle étuve garnie, une boulangerie à trois fours, bûchers, aisances, plusieurs caves en roc, dont une perçant de ladite cour dans la parc, dans laquelle est une autre grande cave de traverse.
Sur la cour de devant, et à côté du château, à une distance suffisante, est un beau pavillon couvert d'ardoises, servant de commun, commode et bien distribué.
Une belle et grande chapelle, joignant ledit pavillon, boisée, plafonnée, peinte en fresque, par tableaux, figures et pilastres, crédences, sacristie boisée et parquetée, dans laquelle sont les armoires où on resserre plusieurs beaux ornements de valeur de plus de quinze cent livres, dont on donnera le détail particulier.
À côté du château est une terrasse, de laquelle par un pont-levis on entre dans le second étage, les murs sont très forts et revêtus de briques en créneaux, une statue au milieu représentant Caïn ; ladite terrasse fermant d'un côté la cour du château.
Une autre terrasse élevée sur celle ci-dessus, aux deux coins de laquelle sont deux beaux pavillons couverts d'ardoises, ouverts dans les quatre faces par de belles croisées et portes vitrées, lesquelles terrasses et cabinets dominent sur les côtés qui bordent la plaine, et forment une vue très étendue et très agréable.
De l'autre côté du château, la cour qui forme une terrasse est fermée par un mur d'appui, au milieu est une porte de fer à deux battants, façonnée, soutenue par deux piliers ; 
un magnifique perron à deux rampes, en fer à cheval, de dix-huit marches de pierre dure, 
par lequel on descend dans une belle terrasse où est un magnifique parterre planté par compartiments en buis, ifs et arbrisseaux ; au milieu est une statue de marbre blanc, représentant les amours de Jupiter et de Leda ; 
à l'un des bouts est un bosquet en charmille.
Vis-à-vis le perron ci-dessus, est un pareil perron de vingt-cinq marches de pierre dure, par lequel on descend dans le jardin potager, renfermé de bons murs, distribué en plusieurs carrés, 
au milieu une statue de marbre blanc ; aux deux extrémités, deux tours couvertes d'ardoises servant de logements pour les jardiniers.
Aux deux côtés des parterre et jardin, deux grands vergers aussi renfermés de bons murs, 
dans l'un desquels est la glacière ; vis-à-vis lesdits perrons est une belle et large grille et porte de fer à deux battants avec un beau perron de la largeur de la grille, descendant dans le chemin de Vernou.
Lesdites terrasses, parterre et jardin garnis en suffisante quantité de bancs peints et très propres.
Vis-à-vis la porte dudit potager, le chemin entre-deux, est une autre porte de fer à deux battants avec ses deux piliers, qui conduit par une allée d'ormeaux à quatre rangs à un canal et pièce d'eau vive perpétuellement plein ras bord ; deux canaux aux deux bouts communiquant à la rivière, l'un servant à l'entretenir toujours plein et l'autre à le décharger, ledit canal entouré d'une allée d'ormeaux [...].
De la cour du château, on entre dans le parc, contenant cent-vingt arpents renfermés de bons murs, dans lequel à l'extrémité et sur la hauteur, sont dix arpents de vignes en une pièce, partie en plan noble, partie en pineaux, 
le surplus en bois, la plus grande partie futaye, coupés et percés de grandes et belles allées qui forment plusieurs étoiles, pattes d'oies et labyrinthes, garnis de bancs propres et peints, plusieurs cabinets couverts d'ardoises, perspectives et statues.
Vingt-cinq arpents de vignes, compris les dix arpents qui sont dans le parc ; 
le tout à proximité, en grandes pièces très bien situées et des meilleures du pays, produisant d'excellent vin et des plus recherchés ; lesdites vignes façonnées par huit closiers qui sont logés dans des maisons dépendantes du château..."
Sources : Archives départementales d'Indre et Loire (12J15).

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